
2025 : pour la première fois, une Ferrari jaune remporte les 24 Heures du Mans. Une victoire historique aux couleurs de Modène, mais qui ravive aussi le souvenir des Ferrari belges.
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ne Ferrari jaune gagne Les 24 Heures du Mans 2025. Pas une classe, pas une catégorie : le général. La 499P n°83 d’AF Corse, emmenée brillamment par Robert Kubica — jaune comme un éclat d’insolence — coupe la ligne d’arrivée en tête. Une première. Et un symbole.
Chez Ferrari, ce jaune s’appelle Giallo Modena. C’est la couleur de la ville d’Enzo Ferrari, celle du fond de l’écusson au cheval cabré. Mais sur les circuits, elle est restée rare. Parce qu’en course, le jaune… n’était pas italien. C’était belge.

Une couleur, une nation
À l’époque où chaque pays avait sa couleur, c’était clair : rouge pour l’Italie, bleu pour la France, vert pour l’Angleterre, et jaune pour la Belgique. Dans cet héritage, quelques Ferrari peintes en jaune ont tracé leur sillage au Mans. Parfois jusqu’au bout, souvent avec panache, toujours remarquées.

1. Les pionnières (1954–1960)
Les premières Ferrari jaunes vues au Mans venaient presque toutes de Belgique. Jacques Swaters, figure centrale de l’Écurie Francorchamps, engage dès 1954 une 500 Mondial jaune, qui terminera 18e… avant de rentrer à Bruxelles par la route. Suivent :
1957 – Ferrari 500 TRC, Écurie Francorchamps. 7e place.
1960 – Ferrari 250 GT SWB n°18, engagée par le N.A.R.T. (équipe américaine, livrée jaune). 5e place.
Une exception notable : cette 250 GT SWB, bien qu’américaine, portait elle aussi les couleurs du soleil.

2. L’âge d’or de l’Écurie Francorchamps (1965–1971)
Dans les années 60, la Belgique devient presque une annexe élégante de Maranello. L’Écurie Francorchamps et l’Équipe Nationale Belge engagent des modèles aujourd’hui mythiques :
1965 – Ferrari 275 GTB/C Speciale n°24, châssis 6885GT, Équipe Nationale Belge. 3e place.
1965 – Ferrari 250 LM, Écurie Francorchamps. 6e place.
1970 – Ferrari 512 S n°12, Écurie Francorchamps. Abandon.
1971 – Ferrari 512 M n°15, Écurie Francorchamps. 5e place.
Des performances solides, une esthétique marquante. Jaune vif, parfois orné d’une bande noire. L’allure avant tout.

3. Les derniers feux (1978–1995)
Après le pic des années 60–70, la flamme jaune ne s’éteint pas, mais vacille. L’Écurie Francorchamps poursuit son engagement avec courage :
1978 – Ferrari 512 BB n°85, Écurie Francorchamps / JMS Racing. 16e place.
1995 – Ferrari 333 SP, Écurie Francorchamps. Abandon.
Des modèles moins performants, mais toujours aussi photogéniques. Et porteurs d’un héritage, celui d’un pays fidèle à Ferrari, jusqu’au bout.

4. Une autre victoire jaune
Un détail historique méritait d’être rappelé : une voiture jaune avait déjà remporté les 24 Heures du Mans. Ce n’était pas une Ferrari, mais une Alpine.
Une Alpine Renault A442B n°2, jaune vif, s’impose dans la Sarthe. Prototype conçu pour gagner, propulsé par la technologie Renault-Gordini, piloté par Jean-Pierre Jaussaud et Didier Pironi. Une victoire française. Technologique, populaire, inoubliable.
Remerciements
Merci comme toujours à @journeesdautomne et @glemetayer pour la précision historique.