Costume noir, polo noir, lunettes noires. Thierry Ardisson avait fait du noir une marque, une stratégie, un système. À l’annonce de sa disparition, le 14 juillet 2025, difficile de ne pas saluer ce style monochrome aussi rigoureux que singulier.
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Le noir, c’est mon packaging », disait-il. Une formule d’homme de pub, avant d’être homme de télé. Ardisson savait qu’une silhouette répétée crée une empreinte. En 1989, il dit adieu aux polos Lacoste pastel. Ce sera polo noir, puis t-shirt noir. Costume noir, mocassins noirs à doublure rouge. Le noir mincit, et il cherchait cela aussi. Mais surtout, il protège. Il rend la silhouette lisible. Il crée la marque.
Avant d’être l’homme en noir de Canal, Ardisson était publicitaire. Il pensait son image comme un logo : répétable, mémorisable, stratégique. Pas de variation. Le matin, il prenait le costume qui sortait du pressing. Tous les mêmes. Dans ses poches : un Nokia, une feuille A4 pliée en quatre, un feutre Pilot, un porte-cartes Hermès, des clés. Et ce skin control imposé à la télé pour gommer ses rides. Lui seul y avait droit.

Un uniforme total, pensé comme un message
À partir de 1989, Ardisson ne portera plus de couleurs. Ce sera noir, tout le temps. Polo d’abord, t-shirt ensuite. Costumes noirs, lunettes noires, mocassins Weston noirs, doublure rouge comprise. Un vestiaire quasi militaire, pensé comme un outil de communication. Il applique à lui-même les codes de la pub : cohérence, répétition, signature visuelle.

Réduit mais raffiné
Comme Gainsbourg, il réduit sa garde-robe à l’essentiel. Pas de slip, pas de pyjama — “ça fait pansement.” Des t-shirts ras-du-cou, des costumes sur mesure ou The Kooples bien fittés (qu’il était fier de porter après avoir maigri), un trench noir Burberry, des chaussettes en fil d’Écosse. Et toujours ce détail rouge : une doublure, une boutonnière, ou les initiales “TA” brodées. C’est l’art de l’obsession discrète.

Une posture, pas une imposture
Son uniforme n’est pas un masque, c’est une extension de lui-même. Ardisson ne jouait pas l’homme en noir : il l’était. Il avait trouvé sa ligne, là où tant d’autres cherchent encore leur rôle. Et c’est bien cela qui frappe : au-delà des pièces, au-delà des marques, il y a la signature. Celle qui ne change pas quand les tendances passent.







