
À l’approche du Grand Prix de Monaco, hommage à l’un de ses plus grands ambassadeurs : Sir Jackie Stewart. Tartan, Rolex et Savile Row comme signature d’un style de vie où le panache compte autant que les performances. Portrait.
J
e l’ai croisé au Goodwood Revival en 2015. Casquette tartan, blazer, Daytona au poignet. Il était venu nous parler de courses comme on parle de batailles. Des amis disparus, lui toujours vivant. La chance d’un survivant. On a échangé sur les montres, les tissus, les voitures, le style. Un grand monsieur.
Jackie Stewart a traversé les époques comme on traverse un virage en descente : en gardant la ligne. Du tartan au tweed, du paddock à la grille, il n’a jamais cessé de soigner sa tenue. L’élégance, comme la précision, ne sont jamais des détails.

Un style taillé pour la course
Quand Jackie Stewart débute en Formule 1 au milieu des années 60, il comprend que l’élégance peut aussi être une stratégie. Graham Hill est son mentor sur la piste, et son modèle en matière de style : costumes Savile Row, maintien irréprochable. Stewart opte pour Kilgour, French & Stanbury, se fournit chez Turnbull & Asser pour les chemises, soigne les boutons de manchette, fait briller ses souliers. La ligne avant tout.

Première Rolex !
Sa première Rolex, il ne l’a pas reçue d’un sponsor mais achetée lui-même après une belle qualification à Indianapolis en 1966. Une Day-Date en or, symbole d’une époque dorée. Rolex le repère plus tard, notamment parce qu’il retirait sa montre avant chaque course, pour éviter les blessures. Ce souci du détail s’accorde avec ses engagements en faveur de la sécurité après son crash au Grand Prix de Spa en Belgique.

L’élégance comme uniforme d’écurie
Ambassadeur Rolex depuis 1969, Stewart comprend que la F1, ce n’est pas seulement de la mécanique. C’est aussi un théâtre d’influence. Il crée sa propre écurie, Team Stewart, et décide d’habiller toute son équipe en costume sur mesure Douglas Hayward — tailleur des stars, de Steve McQueen dans The Thomas Crown Affair à Ralph Lauren.
Chez Stewart, l’élégance n’est jamais superflue : elle est un message. Il se rend à Monaco comme à un dîner d’État. Il rencontre patrons, ministres, têtes couronnées. “On représente ce que l’on vend”, dit-il. Encore aujourd’hui, il porte ses pantalons tartan, ses chemises brodées Rolex faites chez Rubinacci, et voyage avec six montres — pour assortir chaque tenue à l’occasion.

Monaco, éternel théâtre du style
Impossible de dissocier Jackie Stewart du Grand Prix de Monaco. Il y remporte l’édition 1971, devient l’un de ses plus fervents ambassadeurs et signe même un documentaire culte sur cette course mythique. Une époque suspendue, filmée au cordeau. Stewart incarne à lui seul cette F1 de panache, de dialogues feutrés et de smokings de gala.
Aujourd’hui, il regrette que Monte-Carlo ait troqué les robes longues pour les jeans troués. Et nous aussi.